CASSOVIE, ou Kossova, Kosova
Les
détails de cette bataille, célèbre par la destruction de l'empire de
Servie et la mort du sultan Mourad Gazi Khan ou Amurath I er, sont
diversement rapportés par les chroniques grecques, et surtout par celles
de Cantémir, de Ducas, d'Orbinus de Raguse et de Chalcondyle. Le récit
que nous suivrons est tiré de la chronique du Monténégro, écrite vers
1740, par l'évêque Petrovicz, métropolitain. Il ne faudra donc pas
s'étonner si notre narration s'écarte en plusieurs points de ce que nos
savants collaborateurs ont dit aux articles Bajezet, Amuratii, etc.
Après
la mort d'Etienne VI, huitième empereur de Servie, qui eut lieu vers
l'an 13)5, son fils Moisre, enfant en bas âge, resta sous la tutelle de
Volkar Mernasicz, ministre et favori île son père, que ce dernier avait
nommé régent de l'empire. Mernasicz, ayant bientôt fait mourir le jeune
Moisre, s'empara d« l'empire. Dans la lutte qui ne tarda pas à éclater
entre l'empereur grec, Jean l'a léologue, et son col- li'sue, Jean
Cantacuènc, Mernasicz marcha au secours de Paléologue, tandis que
Cantacuzènc avait appelé Orkan, sultan des Turcs, résidant encore en
Asie.
Les
armées se rencontrèrent, en 1355, près de Demotika, sur l'Èbre ou
Maritza, et dans la bataille qui eut lieu les Serviens furent
complètement battus : Mernasicz périt avec ses principaux ofliciers et
presque toute sa famille. Comme il ne laissait point d'héritiers
directs, les chefs serviens réunis élurent pour leur empereur ou
hospodar un comte Lazare, étranger à la famille des souverains
précédents. Les Turcs, sous leur sultan Mourat Gai Klian, s'étant
établis, peu d'années après, à Andrinople, s'appliquèrent bientôt, i
agrandir leur domination en Europe.
De
1366 au 1378, Mourad fit la conquête de la Boulgarie; de 1392 à 1386,
il soumit la Macédoine, et se disposant ensuite à faire la conquête de
la Servie, il réunit ses forces d'Asie et d'Europe, et vint, en 1389,
camper sur les frontières de cet empire, à Kosova, ville située entre
les sources de la Toplicza et de l'Ibar, entre Pristina et Jeni-Bazar.
Lazare, dont l'empire était déjà affaibli par la perte de la Boulgarie,
qu'avaient conquise les Turcs, et par celle de la Dalmatie et de la
Croatie, qu'avaient envahies les Hongrois, fit d'abord demander la paix
au sultaii Mourad. N'ayant pu l'obtenir, il assembla tout ce qu'il put
réunir des forces de son empire, et, se mettant à leur tête, vint camper
à l'ouest de la plaine de Kosovo, en présence des Turcs.
Lazare
avait partagé le commandement de ses troupes entre deux de ses
principaux généraux, Milosz Obilevicz, son gendre, qu'il fit général en
chef, et Volcar Brancovicz, à qui il confia le commandement de la
cavalerie.
Ce
dernier, mécontent de se voir sous les ordres d'Obilevicz, ne tarda pas
à former le projet de se venger par la trahison, et entra en
correspondance avec le sultan des Turcs, à qui il offrit de livrer
Lazare, à condition d'être reconnu empereur à sa place.
En
même temps, Brancovicz cherchait par toutes les calomnies imaginables à
perdre Obilevicz dans l'esprit de son souverain. Enfin, dans un repas
où l'empereur avait réuni les principaux chefs de son armée, Brancovicz
accusa publiquement Obilevicz et deux généraux, Jean Kassanovezicz et
Milosz Topliacinir, de tramer la mort de leur souverain. Obilevicz
répondit sur le champ, et rejetant le reproche de trahison sur son
ennemi :
«
Quant à moi, dit- il, ma justification ne consistera pas dans des
paroles, mais dans des faits. Et, déposant son commandement, il jura de
prouver son innocence en tuant le sultan Mourad au milieu de son armée.
11 quitta aussitôt la table avec ses deux amis, et tous trois se
rendirent au camp des Turcs, en s'annonçant comme déserteurs. Obilevicz
fut introduit dans la tente de Mourad, qui n'avait près de lui que son
visir et son secrétaire. Profitant de cette circonstance, il les
poignarda tous trois. Mais, en cherchant à sortir, le sabre à la main,
du camp des Turcs, il se trouva accablé par le nombre des assaillants,
et fut pris vivant, après avoir vu ses deux amis tués à ses côtés.
Aussitôt Baj a zet ou Bayézid-Jildevim, fils et successeur de Mourad,
réunit son armée, et la conduisit à l'attaque du camp des Serviens.
Ceux-ci, prenant les armes en toute hâte, se mirent en défense avec la
plus grande valeur.
Mais, surpris à l'improviste et privés de cavalerie par la désertion de Brancovicz, qui les abandonnait à la tète de 12,000 chevaux, ils furent complètement battus après six heures d'un combat sanglant. L'empereur Lazare fut pris avec ses principaux officiers, et conduit à Bajazet, qui leur fit couper la tête à tous, ainsi qu'à Obilevicz.
A l'issue de cette bataille, il renonça à la conquête de la Servie, dont l'empire était au reste dissous, et se rabattit sur la Macédoine et la Thessalie.
En
1448, il y eut une seconde bataille dans ces mêmes plaines de Kossova.
Jean Huniades, qui était venu , avec une armée hongroise, au secours de
Georges, despote de la Servie, réduite alors à la province qui conserve
ce nom, y fut battu par le sultan Mourad ou Amurath II.
G. De Vaudoxcoirt
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