lundi 20 mai 2013

Origine des albanais


Les albanais sont des illyriens

Les albanais


Les serbes

Reve des serbes de l'ocuper la Grece et Constantinople



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Les serbes occupe Kosovo en 1217



 A cete epoque les Dardaniens albanais ou Scirtares Skipetars vivait sous ocupations Byzantine
Seulement en 1217 les serbes ocupe Dardanie que la nomea en suit Kosovo en souvenirs de leurs ancien patrie d'origine Rousse.
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Albanai illiriens illyriens


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Dossier:Trahison serbe a labataille du Kosovo

CASSOVIE ou  Kosova


Les détails de cette bataille, célèbre par la destruction de l'empire de Servie et la mort du sultan Mourad Gazi Khan ou Amurath I er, sont diversement rapportés par les chroniques grecques, et surtout par celles de Cantémir, de Ducas, d'Orbinus de Raguse et de Chalcondyle. Le récit que nous suivrons est tiré de la chronique du Monténégro, écrite vers 1740, par l'évêque Petrovicz, métropolitain. Il ne faudra donc pas s'étonner si notre narration s'écarte en plusieurs points de ce que nos savants collaborateurs ont dit aux articles Bajezet, Amuratii, etc.

Après la mort d'Etienne VI, huitième empereur de Servie, qui eut lieu vers l'an 13)5, son fils Moisre, enfant en bas âge, resta sous la tutelle de Volkar Mernasicz, ministre et favori île son père, que ce dernier avait nommé régent de l'empire. Mernasicz, ayant bientôt fait mourir le jeune Moisre, s'empara d« l'empire. Dans la lutte qui ne tarda pas à éclater entre l'empereur grec, Jean l'a léologue, et son col- li'sue, Jean Cantacuènc, Mernasicz marcha au secours de Paléologue, tandis que Cantacuzènc avait appelé Orkan, sultan des Turcs, résidant encore en Asie. 

Les armées se rencontrèrent, en 1355, près de Demotika, sur l'Èbre ou Maritza, et dans la bataille qui eut lieu les Serviens furent complètement battus : Mernasicz périt avec ses principaux ofliciers et presque toute sa famille. Comme il ne laissait point d'héritiers directs, les chefs serviens réunis élurent pour leur empereur ou hospodar un comte Lazare, étranger à la famille des souverains précédents. Les Turcs, sous leur sultan Mourat Gai Klian, s'étant établis, peu d'années après, à Andrinople, s'appliquèrent bientôt, i agrandir leur domination en Europe. 
De 1366 au 1378, Mourad fit la conquête de la Boulgarie; de 1392 à 1386, il soumit la Macédoine, et se disposant ensuite à faire la conquête de la Servie, il réunit ses forces d'Asie et d'Europe, et vint, en 1389, camper sur les frontières de cet empire, à Kosova, ville située entre les sources de la Toplicza et de l'Ibar, entre Pristina et Jeni-Bazar. Lazare, dont l'empire était déjà affaibli par la perte de la Boulgarie, qu'avaient conquise les Turcs, et par celle de la Dalmatie et de la Croatie, qu'avaient envahies les Hongrois, fit d'abord demander la paix au sultaii Mourad. N'ayant pu l'obtenir, il assembla tout ce qu'il put réunir des forces de son empire, et, se mettant à leur tête, vint camper à l'ouest de la plaine de Kosovo, en présence des Turcs.

Lazare avait partagé le commandement de ses troupes entre deux de ses principaux généraux, Milosz Obilevicz, son gendre, qu'il fit général en chef, et Volcar Brancovicz, à qui il confia le commandement de la cavalerie. 
Ce dernier, mécontent de se voir sous les ordres d'Obilevicz, ne tarda pas à former le projet de se venger par la trahison, et entra en correspondance avec le sultan des Turcs, à qui il offrit de livrer Lazare, à condition d'être reconnu empereur à sa place. 

En même temps, Brancovicz cherchait par toutes les calomnies imaginables à perdre Obilevicz dans l'esprit de son souverain. Enfin, dans un repas où l'empereur avait réuni les principaux chefs de son armée, Brancovicz accusa publiquement Obilevicz et deux généraux, Jean Kassanovezicz et Milosz Topliacinir, de tramer la mort de leur souverain. Obilevicz répondit sur le champ, et rejetant le reproche de trahison sur son ennemi : 
« Quant à moi, dit- il, ma justification ne consistera pas dans des paroles, mais dans des faits. Et, déposant son commandement, il jura de prouver son innocence en tuant le sultan Mourad au milieu de son armée. 11 quitta aussitôt la table avec ses deux amis, et tous trois se rendirent au camp des Turcs, en s'annonçant comme déserteurs. Obilevicz fut introduit dans la tente de Mourad, qui n'avait près de lui que son visir et son secrétaire. Profitant de cette circonstance, il les poignarda tous trois. Mais, en cherchant à sortir, le sabre à la main, du camp des Turcs, il se trouva accablé par le nombre des assaillants, et fut pris vivant, après avoir vu ses deux amis tués à ses côtés. Aussitôt Baj a zet ou Bayézid-Jildevim, fils et successeur de Mourad, réunit son armée, et la conduisit à l'attaque du camp des Serviens. Ceux-ci, prenant les armes en toute hâte, se mirent en défense avec la plus grande valeur. 

Mais, surpris à l'improviste et privés de cavalerie par la désertion de Brancovicz, qui les abandonnait à la tète de 12,000 chevaux, ils furent complètement battus après six heures d'un combat sanglant. L'empereur Lazare fut pris avec ses principaux officiers, et conduit à Bajazet, qui leur fit couper la tête à tous, ainsi qu'à Obilevicz.

 A l'issue de cette bataille, il renonça à la conquête de la Servie, dont l'empire était au reste dissous, et se rabattit sur la Macédoine et la Thessalie.

En 1448, il y eut une seconde bataille dans ces mêmes plaines de Kossova. Jean Huniades, qui était venu , avec une armée hongroise, au secours de Georges, despote de la Servie, réduite alors à la province qui conserve ce nom, y fut battu par le sultan Mourad ou Amurath II.

 G. De Vaudoxcoirt

 
The details of this battle, famous for the destruction of the empire of Servia and the death of Sultan Murad Gazi Khan or Amurath I., are variously reported by the Greek chronicles, and especially those of Cantemir of Ducas, to Orbinus Ragusa and Chalcondyle. The story that we follow is from chronic Montenegro, written in 1740 by Bishop Petrovicz, metropolitan. It will therefore not be surprised if our narrative differs in several points that our learned colleagues told Bajezet items, Amuratii etc..

After the death of Stephen VI, eighth Emperor of Servia, which took place around the year 13) 5 Moisre his son, toddler, remained under the tutelage of Volkar Mernasicz, minister and favorite island his father, that latter had appointed regent of the empire. Mernasicz, who soon killed the young Moisre took possession of "empire. In the fight which soon broke out between the Greek emperor, John has léologue and his colleague li'sue Jean Cantacuènc, Mernasicz marched to the relief of Palaeologus, while Cantacuzènc called Orkan, Sultan of the Turks, still living in Asia.

The armies met, in 1355, nearly Demotika on the Ebro and Maritza, and the battle that took place the Servians were completely beaten: Mernasicz perished with its main ofliciers and almost all his family. As it did not allow the direct heirs, the leaders gathered serviens elected for their emperor or a count hospodar Lazare, a stranger to the family of the previous rulers. The Turks under Sultan Murad their Klian Gay, who settled a few years later, in Adrianople, applied themselves soon, i extend their domination in Europe.

From 1366 to 1378, Mourad conquered the Boulgarie, from 1392 to 1386 he submitted Macedonia, and then have to make the conquest of Servia, he gathered his strength in Asia and Europe, and came in 1389, camping on the borders of the empire, in Kosova, a town between the sources of Toplicza and Ibar between Pristina and Jeni bazaar. Lazarus, whose empire was already weakened by the loss of Boulgarie, that had conquered the Turks, and that of Dalmatia and Croatia, that had invaded the Hungarians did first ask peace sultaii Mourad. Having failed to get it, he gathered all he could muster the forces of his empire, and putting himself at their head, encamped west of the plain of Kosovo, in the presence of the Turks.

Lazarus had shared the command of his troops between two of his top generals, Milosz Obilevicz, his son, he was commander in chief, and volcar Brancovicz, to whom he gave the command of the cavalry.

The latter, unhappy to see in the Obilevicz orders, soon to form the draft avenge the betrayal, and entered into correspondence with the Sultan of the Turks, to whom he offered to deliver Lazarus, on condition that be recognized Emperor in his place.

At the same time, Brancovicz sought by every imaginable slander lose Obilevicz in the spirit of his sovereign. Finally, a meal where the Emperor met the principal leaders of his army, and Obilevicz Brancovicz publicly accused two generals, Jean Kassanovezicz Topliacinir and Milosz, of plotting the death of their sovereign. Obilevicz answered on the spot, and rejecting the accusation of betrayal on his enemy:

"As for me, he said, my justification does not consist in words but in fact. And, laying his command, he vowed to prove his innocence in killing Sultan Murad in the middle of his army. 11 immediately left the table with his two friends, and all three went to the Turkish camp in announcing himself as deserters. Obilevicz was introduced into the tent of Mourad, who had with him his vizier and his secretary. Taking advantage of this circumstance, he stabbed all three. But, looking out, sword in hand, the Turkish camp, he was overwhelmed by the number of attackers and was taken alive after seeing his two friends killed him. Baj was immediately zet-Jildevim or Bayezid, son and successor of Murad meets his army, and led the attack on the camp of the Servians. These, taking up arms in haste, began in defense with the greatest value.
But, taken by surprise and deprived of cavalry by the desertion of Brancovicz who abandoned them at the head of 12 000 horses, they were completely beaten after six hours of bloody combat. The Emperor Lazarus was taken with his principal officers, and led to Bajazet, which made them all beheaded, as well Obilevicz.
 After this battle, he abandoned the conquest of Servia, whose empire was dissolved at rest, and fell back on Macedonia and Thessaly.

In 1448, there was a second battle in these plains Kossova. Huniades Jean, who came with a Hungarian army to rescue George, despot of Servia, then reduced to the province retains that name, it was defeated by Sultan Murad or Amurath II.

 
G. From Vaudoxcoirt


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Les albanais en lutte armé contre l'ocupations turc

les albanais en lutte armé contre l'ocupations turc.

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Les albanais au Bataille du Kosovo




Les albanais au Bataille du Kosovo 1389

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Origine des serbes


Histoire du Bas Empire

Par Charles Le Beau, Hubert Pascal Ameilhon

Les serbes esclavonne, demandèrent à Héraclius la même grâce qu'il avait accordée aux Croates.
 
Ce peuple, qui était aussi une branche d'Esclavonsl, venait d'un pays plus éloigné que celui d'où sortaient les Croates. Leur patrie était située bien loin au nord, au-delà des régious qui furent occupées plus tard par les Madjars, appelés alors Turcs, et qui sont les Hongrois des modernes. Elle était voisine de l'empire des Francs, non loin des lieux qu'occupaient les Boïens ou les Bavarois. On y trouvait encore au temps de Constantin Porphyrogénète, d'autres hommes de la même race qui n'avaient point reçu le baptême, et qu'on appelait les Serviens blancs1. Ces indications font voir que les Servions des auteurs byzantins sortaient en effet des régions que l'on voit plus tard avoir été possédées par un peuple de race slave, nommé par les écrivains latins du moyen âge, le&Serbi, Sorbi ou Sorabi, à présent les Sorabes. Ils possédaient les provinces de la Saxe, connues depuis sous les noms de Misnie et de Lusaceyoù ils ont encore, surtout dans laLusace, un grand nombre de descendants, qui ont conservé et leur langue et leur nom 2. Ils soutinrent de longues et sanglantes guerres contre Charle- magne et ses successeurs, dont ils finirent par reconnaître l'empire, et dont ils reçurent des margraves allemands, qui y conduisirent des colonies nombreuses pour assurer la conquête du pays et la soumission de la nation 3. C'est ainsi qu'ils devinrent sujets des princes de la maison de Saxe. Le territoire qu'ils occupaient fait à présent partie du royaume de Saxe. Cette nation s'était beaucoup accrue vers l'époque du règne d'Hé- raclius. Encouragés par le bon accueil que ce prince avait fait aux Croates, beaucoup deServiens résolurent d'aller chercher de nouvelles demeures. Je supprime ici quelques lignes qui ne contiennent que des indication inexactes. Lebeau après avoir ditqueles Serviens sont une branche des Esclavons, ajoute, que ce peuple venait de la Sarmatie asiatique, beaucoup d'apparence que ce « sont les Serbi de Ptolémée, qui les 'place aux environs du Volga, et * qu'ils passèrent en Europe avec les « Bulgares leurs voisins. Ils s'étaient « établis à r occident du Danube, « dans ce qu'on appelle, aujourd'hui la basse Hongrie. Trop resserrés « dans ce pays, dont une partie était occupée par les barbaes, ils se partagèrent, et la moitié de la nation demanda des terres à l'empereur, « quileur donna d'abord le pays voi- «sin de Thessaionique.» Ptolémée, 1. 5, c. 9 , place, il est vrai, dans la Sarmatie asiatique, un peuple appelé Serbi, sorabi, mais rien n'indique que ce ne soit pas là nn simple rapport de nom, fortuit et produit peut-être par nne altération de l'écrivain ou de ses sources,sans qu'on puisse en conclure qu'il ait voulu parler de la nation slave dont il s'agit ici. J'en dis autant de la conjecture émise par Lebeau, et selon laquelle les Serviens seraient passés en Europe avec les Bulgares. Il n'est pas probable qu'aux époques dont il s'agit, les tribus des Slaves se fussent portées jusque dans ces régions orientales, d'où il faudrait nécessairement les tirer pour admettre le système que je réfute. Dans les temps anciens,les rives du Volga que nous voyons à une certaine époque occupées par les Bulgares, étaient habitées par des tribus toutes d'origine finnoise.On n'y trouvait aucune peuplade slave , c'est bien plus tard que les Russes se sont étendus dans cette direction. Lebeau parle ensuite d'un établissement des Serviens dans la basse Hongrie, de leur division et d'une demande faite par la moitié de la nation à l'empereur Héraclius. Ce sont là des indications de Constantin Porphyrogénète, dont j'ai fait usage dans mes suppléments, mais qui avaient été mal comprises et reproduites inexactement par Lebeau. 

Conststantin Porphirogenet de ter vers le Midi. Deux frères venaient d'hériter du pouvoir souverain; l'un d'eux se mit à la tête de la moitié de la nation2, et vint trouver Héraclius3, qui donna pour habitation à lui et aux siens un vaste territoire qui faisait partie du thème ou de la division militaire de Thessalonique : c'est le pays qui, de leur nom, est encore appelé Servie4, et où se trouvent leurs descendants. Il est probable qu'Héraclius, alors aux prises avec les Avares, dont la puissance et la valeur menaçaient à tous les instants l'existence de l'empire et la sûreté de la ville impériale, fut bien aise de trouver des auxiliaires dans les nations serviennes. II chercha à se les attacher en leur abandonnant des pays envahis et dévastés par ses ennemis, et qu'il ne pouvait ni reconquérir ni défendre. Par cette cession, l'empereur voulait faire des Croates et des Serviens, les remparts de l'empire, et une barrière contre les incursions des Avares. Avec ces explications, on comprend les motifs des cessions considérables que l'empereur fît aux nations slaves, et aux Serviens en particulier, qui obtinrent un très- grand territoire.

S'y trouvant encore trop à l'étroit, ils quittèrent cette demeure, et repassèrent la Save et la Drave pour rejoindre leurs compatriotes 5. Mais s'étant bientôt repentis de leur inconstance, ils eurent encore une fois recours à l'empereur. 
Ils s'adressèrent au général qui commandait dans Belgrade1, pour qu'on leur fît de plus grandes concessions de terrea. Ils obtinrent ce qu'ils désiraient. Héraclius] leur [avait] cédé un vaste pays à l'orient des Croates; c'étaient la Mésie supérieure, la Dacie, la Dardanie, qui changèrent de nom pour prendre celui des nouveaux habitants : c'est la Servie et la Bosnie d'aujourd'hui. 

II y ajouta tout le pays qui est au sud de la Servie, de la Bosnie et de la Dalmatie, cédée en grande partie aux Croates, s'étendant depuis les montagnes qui couronnent la Macédoine au nord, jusqu'à la mer Adriatique, et s'avançant au sud jusqu'à Dyrrachium et au centre de l'Epire. Nous verrons bientôt que ces contrées furent occupées par des tribus slaves, issues de la race ser- vienne, et connues sous les noms de Narentins, de Zachloumiens,de Terbouniens,de Canalites et de Dio- cléates4.]—Les Servions suivirent en tout l'exemple des Croates : ils recurent comme eux le baptême5, et demeurèrent attachés à l'empire, sous le gouvernement de leurs princes particuliers 
Lorsque les Bulgares établirent un puissant empire au midi du Danube et dans la Macédoine, les Servions restèrent dans la dépendance ou plutôt dans l'alliance, des Romains, et ne reconnurent point la suprématie des Bulgaresa, contre lesquels ils soutinrent au contraire des guerres longues et opiniâtres3. On trouvait à cette époque huit villes principales dans la Servie; Constantin Porphyro- génète nous en a conservé les noms. Elles s'appelaient Destinicon, Tzernabousxeï, Mégyrétus,Dresnéik, Les- nik, Salénès, Ratera et Desnek : ces deux dernières se trouvaient dans le canton de Vosona.
 C'est le territoire qui, plus tard, forma le royaume de Bosnie. Il me reste maintenant à faire connaître les autres peuples de même origine que les Croates et les Ser- viens, parlant comme eux des dialectes de la langue esclavonne, et qui se répandirent dans les cantons montueux de l'ancienne Illyrie, situés au midi de la Dalmatie et de la Servie, sur les bords de la mer Adriatique.

Les Chrobates, comme il est facile de le voir, étaient donc établis en Pologne , en Silésie , en Moravie, et peut-être dans la partie septentrionale , puisqu'ils étaient voisins des Patzinacites qui les séparaient jusqu'à la mer Carpatienne. Porphyrogénète écrit que les Servions avaient habité au-delà de la Turquie , dans un lieu qu'ils ont appelé Boici  dont la France est voisine, ainsi qnela grande Chrobatie. A quel lieu ces choses conviennent-elles mieux qu'à celui qu'occupaient autrefois le peuple gallique et les Boïens ? Car, quoique le pays des Boïens , Bohémiens, fût appelé Boémie , Boémannie ( Bohême, ) du mot Boici, rien n'empêche cependant que ce mot, ainsi que celui de Bagi- barie, dont Porphyrogénète s'est servi , et plus vraisemblablement les Sorbieos eux-mêmes, puisque , d'après cet auteur, iJs appelaient ce lieu Boici ; rien n'empêche , dis-je , que ce mot n'ait été corrompu. Ajoutez que l'auteur de la Chronique Boleslavienne, en parlant de Cze- chus, fait mention de la langue sorbienne et non de la langue bohémienne. Ceci est prouvé par 4e passage suivant, où le très sérénissime prince, dans son très-savant ouvrage dedieni Lechi et Czechi, dit part, i, p. 70.

« Les écrivains Bohémiens auraient mieux lait, selon notre jugement, s'ils avaient assuré que leurs ancêtres étaient Sorbiens, Svbiens d'origine-, ensuite Sorabes et Serviens aprê» leur émigration en Dalmatie, et qu'ils étaient sortis de leurs anciennes demeures auprès du Volga , ainsi que l'ont rapporté Procope, P-orphyrogénète et Pachymère ; nul doute qu'ils n'aient été voisins des Bohémiens, qu'ils ne fussent situés au Septentrion et à l'Occident. »

Le même prince, ( part, i, Vindic. p. 89, ) dit, en rapportant les paroles de Porphyrogé- nète: «Mais les autres Chrobates vers la France sont désignés non-seulement pour les Moraves et les Bohémiens, mais aussi pour les Slaves de de la petite Pologne. » Il est donc assez prouvé que les Chrobates et les Serviens avaient haîiite les pays où sont aujourd'hui les Polonais, les Moraves , les Bohémiens, les Lusates, etc.; et qu'ayant abandonné ces terres , ils s'étaient réfugiés, sous l'Empereur Héraclius,en llly- rie, l'an 638.

Nous trouvons , ( tom. i, orig. Slav. eccl., part, it , cap. 7 , ) le passage suivant , de Thomas, Archidiacre Spalatain, rapporté par Assemanus ; «Dans le temps des Goths, ceux qui, sous la conduite de Totila, sortirent des parties de la Teutonie et de la Pologne, dé* truisirent la ville de Salone. » Et peu après , « ceux qu'on appelle Lingones étaient venus des parties de la Pologne avec Totila , au nombre de sept à huit tribus Nobles. Ceux- ci, voyant que la Croatie leur convenait , parce qu'il y. avait peu d'habitans, la demandèrent et l'obtinrent de leur chef. S'y étant donc établis, ils commencèrent à opprimer les Indigènes, et à les réduire par la violence à leur service. » II ajoute ensuite : « Mais ils commencèrent à avoir leurs propres chefs ; et, quoique mechans et féroces, ils étaient cependant chrétiens, mais très-ignorans et infectés de l'arianisme. Plusieurs leur donnaient le nom de Goths , quoi* qu'ils fussent Slaves , ainsi que le prouvait le nom de ceux qui étaient venus de la Pologne otl de la Bohême. »
Crantz, rapportant ce passage d^ssemanu$t dit aussi que les Slaves avaient de tout temps t>ccupé leur pays jusqu'à celui des Sarmates , et que, se trouvant trop à l'étroit en Pologne, en Bohême et en Russie , ils avaient obtenu de Constantin - le - Grand de nouvelles terres en Pannonie, d'où ils étaient passés dans la Dal- xnatie et TIllyrie , sous l'Empereur Maurice. »

Cependant il a tort de confondre les Vandales avec le« Slaves ; ce furent ces derniers et non les premiers, qui obtinrent de Constantin des terres dans la Pannonie. Le reste est conforme à l'Histoire.

Cromerus n'avoue pas que les Slaves soient venus de la Pologne et de la Bohême dans la Dalmatie et l'Illyrie, et qu'en cela il ne soit pas entièrement pour nous ; cependant il dit qu'il est manifeste que les Slaves ne passaient pas pour être venus de la Croatie et de la Pannonie , dans ce pays, mais d'un pays septentrional entre la Vistule et le Borysthene. Voici son passage; «On peut, dit-il , prouver, d'après Procope et Sabellicus, qu'ils étaient venus dans la Thrace et la Macédoine avant d'eutrer dans l'Illyrie et Istrie, parce Mélanges tirés d'une grande bibliothèque
Par André-Guillaume Contant d'Orville, André René


La Servie est à'présent presque toute Là entière aux Turcs ; elle tire son nom des Serviens , peuples d'origine Sarmate, qui habitée auprès des monts Crapates, e qui eurent permission, sous l'empire d'Héraclius , vers l'an 630, de venir s'établir dans cette partie de la Mésie de la Pannonie, que avoir été désolée e dépeuplée par les Avares, peuples Huns dont j'ai parlé. Les Serviens se trouvèrent très-bien dans ce pays, qui est naturellement bon, fertile, agréablement coupé de plaines de collines, dont quelques-unes font assez hautes pour être appelées montagnes. Ils y trouvèrent ou y reçurent bientôt d'autres peuples, Sarmates comme eux, parlant la même Langue.Les uns et les autres se firent Chrétiens du Rit Grec, ou plutôt de celui Illyrien ou Esclavon, qu'ils suivent encore aujourd'hui. Ils partagèrent entre eux, de bonne amitié, tout le pays qui leur avoic été abandonné. Les Rasciens c'était le nom de ceux de la séconde colonie occupèrent la Dardanie aujourd'hui Kosovo, la Haute Servie, que l'on appelle encore aujourd'hui la Rascie, qui fait partie de la Haute- Hongrie. Les Serviens proprement dits conserverent la BafTe-Servie. Ils eurent des Rois donc la chronologie eft allez ignorée; tour ce que l'on fait, c'est qu'en 870, un de ces Monarques s'empara de la Dalmatie, &: fe contenta de rendre les Princes de ce pays fes vaflaux. Son fils fit la guerre aux Bulgares, ôc les vainquit ; mais Tes enfans s'étant brouillés pour sa succeslîon, les Bulgares profitèrent de ces troubles, firent dans la Servie de 11 affreux ravages, qu'elle devint prefque t abfolument défcrte. L'Empereur de Conf- tantinople, Romain Lecapene , prit les Serviens fous fa prote&ion ; & Jean Zi- roifcès ayant conquis la Bulgarie vers 970, fournit en même temps la Servie : il la repeupla & l'étendit ; mais il obligea les ' Princes qui la gouvernoient à fe contenter du titre de Defpote, qui paroiflbit alors inférieur à la Majefté Royale , 8c dont la qualification n'étoit point pnfe comme aujourd'hui dans un fens odieux., Il y eut encore différentes variations; & révolutions dans l'Etat de la'Servie, pendant les onzième, douzième, treizième & quatorzième ficelés. Les Princes de ce pays prenoient tantôt le titre de Rois, tantôt celui de Defpotes, tantôt rcconnoifloienc pour leurs Seigneurs fuze- rains les Empereurs de Çonftantinople.

Vers 1340, Etienne  Douchan, prince de Servie, se rendit la Bulgarie tributaire. De 1335 à 1356 il fit treize campagnes contre les empereurs grecs, et étendit par des conquêtes les limites de son empire. Il le distribua en quinze diocèses , et prit, en 1546, le titre de tzar de Romanie, d'Esclavonie et Albanie. Le patriarche de Servie qu'il avait institué, le couronna. En 1350, il soumit la Bosnie. Déjà il avait réuni une armée de 80,000 hommes, à la tête desquels il voulait marcher sur Constantinople, et détruire l'empire grec, lorsqu'il mourut en 1356. Code de 1349. En 1349, Douchan avait publié pour son peuple un code de lois, distribué en cent et un articles, dont nous allons citer quelques-uns. Il est défendu de contracter mariage sans bénédiction nuptiale >. Quiconque, après avoir été suffisamment averti et exhorté par le clergé pour rentrer dans le sein de l'Eglise orthodoxe grecque, persiste dans la religion catholique, a mérité la mort. Le clergé est exempt de toute juridiction séculière. Les fiefs passeront aux collatéraux jusqu'au fils du troisième frère ; ils sont libres de toute charge, excepté la dîme et le service militaire. L'injure faite à un noble par un noble, et à un paysan par un noble, est punie de cent perpers 2 ; le paysan qui injurie un noble, sera marqué d'un fer rouge et paiera l'amende. Le viol est puni de la perte des deux mains et du nez ; l'adultère par la perte du nez et des oreilles du couple criminel. Le code détermine les corvées auxquelles le paysan est astreint. La Yente d'un chrétien pour être envoyé dans le pays des Infidèles, est punie de la perte de la main et de la langue. Le noble qui tient des discours malhonnêtes paiera une amende de cent perpers ; le paysan en paiera douze et recevra une punition corporelle. L'homicide involontaire est expié par 500 perpers; le meurtre prémédité par la perte des deux mains. Le noble qui tue un paysan paiera 1000 perpers j le paysan qui tue un noble en paiera 300 et aura les mains coupées. Le meurtre d'un prêtre sera puni par la perte des deux mains et de la vie. Le parricide, le fratricide et l'infanticide seront vengés par la peine du feu. Quiconque arrachera la barbe à un noble ou à un homme notable, aura la main coupée ; celui qui l'arrachera à un paysan paiera douze perpers. Ou voit par ces lois que la nation se composait du clergé, de la noblesse et des paysans serfs, et qu'il n'y avait ps de tiers-état libre.

Le règne brillant deDouchan fut l'époque de la décadence de la Servie, amenée par les guerres perpétuelles avec les Grecs dont ce prince fut la première cause ; par la division du royaume en huit gouvernemens qu'il établit, et la trop grande autorité qu'il attribua à ces gouverneurs qui prirent le titre de trais,- enfin par la multiplication des charges de cour, qui éveilla l'ambition des boïars.

Les conséquences de cette fausse politique se manifestèrent sous Ourosch J7, son fils, qui lui succéda à l'âge de dix-neuf ans. Les révoltes des krals et les guerres civiles éclatèrent. Twarko, ban de Bosnie,, se rendit indépendant, et s'empara, en 1566, de la province de Trebigne et de l'Herzegowina. Wouka- khin, kral du district situé depuis Phères jusqu'au Danube, tua, le 2 décembre 1567, Ourosch à la ... de chasse, dans la plaine de Cassovo, fameuse par deux
batailles qui y furent livrées *. Avec lui s'éteignit la race des Neemans, après avoir régné deux cent douze ans.
Voukassowitsch monta sur le trône. Il eut d'abord des succès contre les Turcs ; mais, le 27 septembre 1571, l'actif Mourad I.er surprit pendant la nuit l'armée servicnne dans son camp, situé sur une rivière, et l'extermina. Woukassowitsch fut tué dans la fuite par son compagnon, dont l'avidité était tentée par une chaîne d'or que le prince portait. A sa mort, l'empire de Servie fut démembré. Mourad laissa à Mœre , fils aîné de Woukassowitsch, le Castorium, la Locride et une partie du Péloponnèse, et garda l'Acarnanie et la Macédoine Servienne. Dans la partie septentrionale ou la Servie d'aujourd'hui, se maintint ... ^ans l'indépendance le despote Boulko Lazare, qui, m7. en 1367, s'était fait couronner tzar de Servie. Sa maison régna jusqu'en 1427; mais depuis 1575, la Servie fut tributaire des Turcs. Lazare, qui s'était soulevé contre Mourad, fut fait prisonnier à la bataille de Cassovo de 1589 * , et massacré pour expier la mort du sultan. Son fils Etienne /^obtintla paix de Bajazet 1." , à condition de l'assister dans toutes ses guerres, de lui donner la main de sa sœur, et de lui payer tribut pour les mines d'argent de son pays. Il assista, en 1402, à la bataille d'Ancyre, où il rendit d'utiles services à Bajazet. Ce fut lui qui sauva Soliman, fils du sultan 2.

Une nouvelle famille de despotes de Servie régna D/m»;» d depuis la mort d'Etienne, en 1427, jusqu'en 1468 ;i«£-ï«8.' c'est celle des Brankowich. Toute l'histoire de ces (parante années présente une suite d'efforts faits par 1« Serviens pour soutenir leur indépendance contre les Turcs, soit par les armes, soit avec le secours des rois d'Hongrie ; mais leurs armes furent malheureuses, et leurs liaisons avec les rois d'Hongrie ne leur furent pas bien utiles, parce que les Serviens se méfiaient presque autant de leurs voisins chrétiens que des Musulmans. Le sexagénaire George Branko- tvich, qu'à la recommandation d'Etienne mourant, le clergé et les boïars élurent despote de Servie, fut obligé, en 1450, de se rendre tributaire de Mourad II, bâtit la forteresse de Semendrie, troqua, en 1455, Belgrade, sa capitale , contre des possessions dans l'intérieur de la Hongrie 5, donna, en 1436, sa fille en mariage à Mourad II, qui, malgré cette alliance, s'empara, en 1457 et 1458, de toutes les possessions de son beau-père. George , qui s'était sauvé à Raguse , rentra dans son pays à l'a suite des victoires de Jean Hunyad et de la trêve décennale de Segedin île 1444 i. Il mourut le 24 décembre 1457 , à l'Age de quatre-vingt-onze ans. Lazare , son troisième fils , usurpa le trône par des crimes ; il mourut au bout de onze mois, le 31 janvier 1458. Hélène Pa- léologue, sa veuve, s'efforça de conserver le trône à ses filles ; mais les boïars élurent un autre chef ; voyant cependant qu'ils ne pourraient pas se maintenir ... contre le despote de Bosnie, ils appelèrent Mahomet II *""'' pour venir prendre possession du pays , préférant
domination musulmane à celle d'un prince de leur religion. Ainsi la Servie cessa de former un état indépendant.
Rama, Chulmie ou Herzegowine, est un démembrement de l'empire de Servie. Dans l'origine elle était gouvernée par des zupans et un grand-zupan qu'on nommait ban. La richesse du sol, les métaux précieux que recèlent les montagnes, enfin la proximité de la mer, rendaient ce pays florissant. Les deux grandes villes de Katera et de Desnœk , qui floris- saient au dixième siècle , ont disparu sans laisser de trace. Quoique la Bosnie fût subjuguée, tantôt parles Esclavoniens , tantôt par les Hongrais, elle conserv.i ses propres bans qui, vers la fin du onzième siècle,, se
nd ', se distingua dans cette guerre par les victoires qu'il remporta sur les Turcs, d'abord en 1442, près de Hermanstadt, où 20,000 Turcs périrent et un grand nombre de captifs furent délivres, et la même année, à Vasag, où Hunyad avec 15,000 hommes en défit 180,000. L'année 1445 Hunyad se couvrit de gloire. Le 3 novembre 1445, il défit Isabeg à Nissa, pritSophia, força, au milieu des glaces et des obstacles qu'on lui opposa, le défilé réputé imprenable d'Isladi et descendit, le 24 décembre, dans les plaines de la Bulgarie. Le roi lui-même le suivit à la tôte des Polonais et d'une armée de Croisés que commandait le car- Anal de Florence , Julien Cesarini, légat du pape Eugène IV. Ils assistèrent à la bataille que le victorieux Hunyad livra dans les champs de Jalovaz.

Ce fut Mourad II qui proposa alors la paix. Elle fut conclue, le 15 juin 1444, à Segedin, pour dix ans. Les Turcs rendirent tout ce qu'ils avaient conquis sur les Hongrais et les Serviens, et la Valachie resta sous la souveraineté de la Hongrie ; la Bulgarie resta aux
La trailition fait de Jean Hunyad un fils de l'empereur Si— . -iTictid et de la belle Elisabeth Morsinaï, qu'il connut dans son expédition en Valachie. Lorsque, dit-on, quelques anne'es âpre», Elisabeth quitta la Transilvanie pour s'e'tablir à Bude , un jour pendant la chaleur de midi, elle se reposa dans une forêt. Le petit lankoul ( Jean Hunyad ) jouait avec l'anneau que Sigismond avait donné à sa mère ; un corbeau le vola et l'emporta dans son Ur, mais le frcrc d'Elisabeth abattit l'oiseau. Telle fut l'origine du rorbeau portant un anneau dans son bec , que Hunyad prit pour ïnncs, et du nom de Corvinus qu'il donna à son fil», le célèbre Mattaus.

Ottomans. Uladislas jura la paix sur l'Evangile, Mou- rad sur le Koran. Les représentations du pape et de son légat, les promesses de l'empereur de Constanti- nople et de George Castriote ou du fameux ScanderbegT prince d'Epire, engagèrent Uladislas I.er à rompre cette paix , dix semaines après sa signature. Aucune apparence de raison ne justifie ce parjure. Le sage Hunyad s'y opposa; pour vaincre sa résistance, on lui promit le royaume de Bulgarie qu'on ne doutait pas de conquérir, parce qu'on avait pris des mesures qui devaient empocher Mourad d'arriver en Europe. Une flotte équipée par les états d'Italie et commandée par le cardinal François Condolmieri, était stationnée dans l'Hellespont pour le repousser. Comme le passage du Hœmus présentait de grandes difficultés à l'armée des Chrétiens, Uladislas resta en deçà de cette chaîne de montagnes, et à travers la Bulgarie marcha jusqu'aux côtes de la mer, où il prit Varna. Mourad trompa la vigilance du cardinal-amiral, en faisant transporter , son armée à Gallipoli par les Génois qui se firent largement payer ce service, et vint camper à côté d'Ula- na°'1444. dislas, près de Varna. Jean Hunyad lui livra bataille le 10 novembre-, elle fut extrêmement opiniâtre : après des efforts réciproques de bravoure, elle allait tourner à l'avantage des Hougrais, lorsqu'Uladislas, emporté par son ardeur, se jeta au milieu des ennemis. Coupé du gros de son armée , il reçut un coup mortel. Son armée se débanda alors au grand étonne- ment de Mourad qui n'en connaissait pas le motif, car déjàles Turcs fuyaient de toutes parts. Le sultan envoya la tête d'Uladislas dans toutes les villes de sa domination; mais, rendant justice à la valeur de ce prince, il fit ériger sur le champ de bataille un monument en son honneur. Le cardinal, auteur de la guerre, périt dans la retraite.

Après ce désastre, les Hongrais, dans une diète tenue à Pesth, reconnurent, le 16 mai 1445, le jeune roi Ladislas, et résolurent de demander que Frédéric lH leur livrât ce prince qu'il faisait élever à Graetz, et leur restituât la couronne angélique qu'Elisabeth lui avait engagée. Cette résolution fut l'ouvrage de Jean Huiiyad , nommé régent ou vicaire. Frédéric III rc/iisa de confier aux Hongrais la personne de son pupille , parce qu'il craignait leur humeur inconstante ; il ne voulut pas se dessaisir non plus de la couronne angélique, tant parce qu'elle devait rester auprès du roi, que parce qu'elle lui servait de nantissement pour ses avances. D'ailleurs il soutenait que Ladislas devait le trône d'Hongrie, non à la prétendue élection de 1445, mais à sa naissance, et que son premier couronnement de 1440 le lui assurait. Choqué de cette réponse, Jean Hunyad entra, eu 1446, en Autriche , dévasta le pays, et assiégea Frédéric dans Vienne-la- Ville-Neuve (Wienerisch-Neustadt) dont il ne put cependant s'emparer. Le 1er juin 1447, Ulric, comte de Cilley, médiateur agréé par les deux parties, leur fit signer une trêve de deux ans, pendant lesquels le jeune Ladislas devait rester entre les mains de sou tuteur, auquel on paierait annuellement 24,000 tlu- cats pour son entretien et son éducationo,  promettait cette paix , pour reprendre les hostilités contre les Turcs. A la tête de 22,000 hommes, il passa le Danube au mois de septembre 1448 , à S. Severin, près du pont de Trajan, et envahit la Servie dont le despote resta fidèle à Mourad. Celui-ci arriva bientôt avec 150,000 hommes , offrant la paix ; car il regrettait le séjour de Magnésie '. Hunyad, emporté par sa mauvaise destinée , refusa toute proposition pacifique. Le 17 et le 18 octobre , il livra une bataille sanglante dans la même plaine de Cassovo, où Mourad I.er, bisaïeul du sultan, avait péri en 1389 2. Dans la seconde bataille de Cassovo , les Hongrais se servirent d'artillerie ; néanmoins ils furent défaits ; ils perdirent 8,000 hommes, et presque tout le reste de leur armée tomba entre les mains des Turcs qui achetèrent la victoire par la mort de 54,000 hommes. Hunyad fiit fait prisonnier, échappa à ses gardes, mais tomba entre les mains du despote de Servie qui , gagné par les promesses des Etats d'Hongrie , lui rendit la liberté. La double défaite d'Hunyad à Varna et Cassovo fit tort à la brillante réputation qu'il avait acquise dans la campagne de 1440. On ne peut l'absoudre du reproche de présomption ; car il est probable que la journée du 18 octobre 1448 aurait eu un résultat bien différent s'il avait voulu attendre l'arrivée de Scanderbcg qui marchait à son secours. LadisiM prend Nous avons raconté ailleurs 3 comment le mécon


Qui sont les Serbes ?

Peuples de la race Slavonne race des Slaves est une des plus remar- quables et des plus répandues sur la terre. A l'exception des Arabes , qui dominaient autrefois depuis Malacca jusqu'à Lisbonne, il n'y a aucun peuple dans l'univers, qui ait étendu aussi loin sa puissance , sa langue et ses colonies. Depuis le rivage de la mer adriatique jusqu'à la mer glaciale, et depuis les côtes de la Baltique jusqu'en Amérique et auprès du Japon, partout on trouve des peuples Slaves, tantôt vainqueurs, tantôt subjugués. L'origine de cette nation puissante se perd dans la nuit des temps: les Grecs et les Romains la comprirent apparemment sous la dénomination vague de Scythes et de Sarmates I. Il est vraisemblable que la Pologne, la Prusse, la Lithuanie et la Russie méridionale, ont été les lieux les plus anciennement habités par les Slaves. De là ils se répandirent dans la Dace, la Germanie et les pays

au delà du Danube : ces contrées devinrent le berceau de ces essaims innombrables qui inondèrent ou asservirent la moitié de l'Europe et de l'Asie.

Ce fut à peu près au milieu du quatrième siècle que tous les peuples Slaves furent subjugués par Ermanaric, et confondus avec les Ostrogoths. Bientôt après, on voit les Slaves et leurs vainqueurs soumis aux Huns, Au bout d'un siècle, ces conquérans célèbres sont détruits ou repoussés de l'autre côté du Danube, tant par les Gépides que par les Bulgares et les Hongrais-fenniques. Les Slaves commencent à paraître enDace; ils pénètrent entre les Hongrais et les Gépides, et s'emparent de la rive septentrionale du Danube. Ce peuple indépendant alors se joint aux barbares du nord qui menacent l'empire romain de sa destruction 2 : on les voit piller les provinces romaines et inonder le pays des Gépides presqu'entièrement exterminés par les Lombards et les Avares. Ces derniers s'arrogent une espèce de souveraineté sur les différentes peuplades Slaves, qu'ils forcent quelquefois à payer un tribut : enfin les Avares sont détruits à leur tour par les Bulgares qui se répandent dans toute la Dace. Les Slaves opprimés abandonnent ce pays pour la plupart, et retournent du Danube au nord , vraisemblablement au milieu du septième siècle. Plusieurs peuplades s'arrêtent en Pologne , d'autres s'établissent en Russie : une partie demeure sur le Danube.

C'est ainsi que ces vastes pays furent peuplés par des colonies Slaves, qui, s'étendant toujours davantage et fondant partout des empires, occasionnèrent dans le nord de l'Europe les révolutions les plus remarquables. Toutes les branches de cette race qui ont formé , ou qui forment encore des états particuliers, se divisent en sept classes; savoir en Slaves Russes, Polonais, Bohémiens, Illyriens, Allemands, Hongrais et Turcs 3. Trois branches sont maintenant réunies dans le vaste territoire de l'empire de Russie, les Russes, les Polonais, et les Serbes ou Serviens.

I. Les anciens habitans de la Russie étaient composés de deux peuples différons, les Slaves et les Finnois : les uns occupaient les environs du Volga et de la Duna ; les autres, le Dnepre et les rives supérieures du Don. La Lithuanie et la Pologne étaient le principal domicile des Slaves ; une seule branche s'étendait sur le Dnepre. Les Slaves du Danube, ayant été repoussés par les Bulgares , revinrent au nord et se dispersèrent au delà du Dnepre , sur lequel ils bâtirent Kief. Une colonie de Slaves s'avança jusqu'au Volkhof et fonda Novogorod. Un siècle s'écoule, sans que leur histoire soit connue; ils reparaissent enfin entourés de peuples Finnois: c'est alors que l'empire Russe est fondé par des Normands ou des Scandinaves.

Peu de tems après l'établissement de ces deux branches Slaves sur les rives du Volkhof et du Dnepre, deux peuples se préparent à les accabler; les Kozars établis près de la mer noire, et les Varaigues ou Normands^ près de la mer baltique: les uns attaquent les Slaves de Kief, les autres ceux de Novogorod. Malgré l'obscurité de ces temps , il est sûr que les deux branches Slaves soutinrent leur indépendance jusqu'au neuvième siècle : alors les Varaigues s'emparèrent des pays qui forment aujourd'hui les gouver- nemens de St. Pétersbourg, de Rêvai et
d'Archangel. Ces pays étaient possédés par leô Russes 5, peuple d'origine gothique ainsi que les Varaigues : ils furent soumis à un tribut, et les Slaves, les Krivitches ,les Tchou- des, les Vesses et les Méraines 6, subirent le même sort. Les Russes se retirent en Finlande et en Carélie; mais les Slaves, unis aux peuples dont nous venons de parler , chassent les Varaigues, se rassemblent sur les bords du lac Ilmen ( près de No- vogorod), et établissent une république démocratique et fédérative.

Les vices de la constitution de cet état occasionnent bientôt des divisions intestines : les cinq peuples alliés, pour rétablir la tranquillité , et pour se garantir contre les attaques des nations voisines, se décident à se soumettre aux Russes. Rourik, chef de ce peuple, et ses frères Sinaf et Trouver, acceptent cette proposition. Rourik rassemble tout son peuple: l'an 862, il arrive à l'embouchure du Volkhof et prend le gouvernement de ce nouvel empire, qui, dès le commencement , était habité par six peuples diffé- rens , et qui s'étendait sur les pays connus actuellement sous le nom des gouvernemens de Rével, de Riga, de Polotsk, de Pskof, de Vybourg, de St. Pétersbourg, de Novogorod, deSmolensk, d'Olonets, d'Arkhangel, de Vladimir, d'Iaroslaf, de Kostroma et de Vologda.

A peine les Varaigues furent-ils la nation dominante, qu'ils cherchèrent à écarter le\irs sujets de toutes les places honorables : au moins l'histoire du temps de Rourik ne fait partout mention que de noms Varaigues. Cependant les Slaves, mêlés avec les Russes , ne forment bientôt qu'une seule nation; et, quoiqu'elle porte le nom de ces derniers, elle adopte pourtant la langue et les usages des Slaves, parce qu'ils étaient les plus nombreux et les plus civilisés.

Rourik, le fondateur de l'empire russe, choisit d'abord la ville de Staraïa  Ladoga pour le lieu de sa résidence, et prit le nom de Grand-Duc, pour se distinguer par ce titre des princes qui lui étaient assujettis. 
Une sorte de prérogative héréditaire donna le droit au Grand-Duc d'investir ses fils et ses frères cadets de souverainetés particulières. Rourik, comme l'aîné, en usa à l'égard de ses deux frères: Sinaf obtint Bélo-Ozero pour sa résidence, et Trouver Jzborsk; ces deux villes devinrent les capitales des pays qui leur étaient soumis. Bientôt après ils moururent l'un et l'autre, sans laisser de postérité. Rourik réunit de nouveau leurs états aux siens, et, la quatrième année de son règne, il transféra sa résidence du Vieux- Ladoga à Novogorod qui, depuis cette époque, devint le principal séjour du souverain de la Russie.

A peine Rourik régnait- il seul sur les états de Novogorod, que les Slaves qui habitaient les rives du Dnepre, opprimés par les Kozares, s'adressèrent à lui et lui demandèrent un prince de son sang pour les gouverner. Rourik leur envoya un fils que sa femme avait eu en premières noces, nommé Oskold : il vainquit les Kozares, et Kief devint la capitale de la seconde Russie, sous ïa dépendance de celle de Novogorod;


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Bataille du Kosovo 1389




 Histoire de l'Empire ottoman

Par Joseph von Hammer-Purgstall, Louis Dochez

 Bataille du Kosovo 1389 et des trompette, et l'on entendait pousser le cri de guerre: Allah est grand! lorsque Ba- jesid, ne pouvant plus contenir «on ardeur, et n'osant pas néanmoins commencer l'attaque de son propre mouvement, se précipi'a de son cheval, baisa la terre devant «on père, et sol- licila la permission de charger (1); le sultan l'accorda, et aussitôt les épées se plongèrent dans le sang, ïimurtasch fondit sur le prince de Kararaanie, le contraignit à la fuite, et décida la victoire. Eu récompense, il reçut la plus grande part du butin, et le litre de vesir ou pascha à trois queues, qu'il fut le premier à porter parmi les beglerbegs de l'empire ottoman (2); et qui, avant lui, avait été exclusivement réservé au premier dignitaire de l'État: en sorte que celui-ci, pour être distingué des autres vesirs, fut désonnais appelé le grand vesir. A la bataille s-.iccéda immédiatement le siège do Konia; défense rigoureuse fut faite à l'armée de rien pilîer, de rien prendra de force aux habitants du pays. La peine de mort appliquée a quelques soldats serviens qui osèrent enfreindre cet ordre détourna ces auxiliaires des Ottomans, mais gagna aux troupes la confiance des populations, et leur assura d'amples approvisionnements. Durant douze jours, Murad resta campé devant Konia sans rien entreprendre. Le prince de Ka- ramanie, pénétré des dangers de sa situation, envoya dans le camp des Ottomans son épouse, la fille de Murad, pour intercéder en sa faveur. A force de prières . elle décida son père à donner la paix à son époux, si celui-ci venait l'implorer en personne, et baiser la main du sultan en signe de soumission et de reconnaissance (3). Alaeddin dot se résigner à cet:e humiliation, rendit hommage à son vainqueur, et resta en possession de Konia et de ses autres domaines. Alors Murad marcha contre la ville de Begschehri, qui avait fait défection, et la réduisit en quelques jours (4). Comme en cette occasion on lui conseillait de réunir en même temps à l'empire les États du prince de Tekke, il rejeta cette proposition en disant : « Le prince de Tekke est un pauvre diable dont la puissance s'étend seu'ement sur les deux villes d'istenos et d'Antalia; il serait honteux de lui faire la guerre : le lion ne chasse pas les mouches. » Le seigneur de Tekke comprit l'avertissement , et livra tous ses châteaux entre les mains de Murad , pour conserver au moins la possession des deux places nommées par le sullan. L'armée ottomane fut congédiée à Ku- tahiie, et Murad rentra triomphant dans Brusa(l).

Lorsque les auxiliaires serviens, de retour dans leur pays, racontèrent le supplice de leurs frères devant Konia, le ressent Iment fut général, et la servie se révolta, comptant sur l'as- istance des Bosniens et même des Bulgares, dont le kral Sisman, quoique beau-père de Murad, s'unit en secret contre lui avec Lazare, kral de Servie (2). Les forces des deux peuples firent subir à vingt mille Turcs, alors occupés à piller la Bosnie, une défaite si complète que cinq mille à peine échappèrent au carnage [1387]. Murad pouvait bien alors disposer des troupes auxiliaires des pànces asiatiques de Tekke, Aidin, Mentesche, Ssaruchàn, et Ka- raman, inclinés devant sa puissance (3); mais, en Kurope, les krals de Bosnie, de Servie et de Bulgarie étaient ligués contre lui ; le prince de la Tatarie-Dobruze s'était laissé entraîner à la défection; il n'y avait que ses vassaux, les princes de Gustendil et de Serradsch qui lui demeurassent fidèles. 11 se prépara donc à une campagne d'Europe; et pour assurer pendant ce temps le repos de l'Asie, il en partagea l'administration dans les cinq sandschaks suivants : le pays de Kermian, qui jusqu'alors avait été gouverné par Bajesid, fut confié au vesir-beglerbeg Timurtasch, attendu que le prince, ainsi que son frère Jakub, suivaient leur père en Europe : un autre Timur- tasch-subaschi ( lieutenant de police ) fut placé à la tète de l'administration de Slwrihiszar et du pays situé sur le Sangarius ; Firus-Beg reçut le sandschak d'Angora ; le subaschi Kods- cha-Beg, celui d'Akschehr, et le subaschi Kut-lu-Beg, celui d'Igirdir, dans le district de Hamid (1), en même temps furent nommés les chefs de l'armée.

Avant d'entrer en campagne, Murad se rendit à Jenitschehr pour y célébrer son mariage et celui de ses deux fils, Bajesid et Jakub, avec trois princesses byzantines, et pour fêter en même temps la circoncision de ses trois petits- fils. Chez les Arabes, Persans et Turcs, ce n'est pas seulement la célébration du mariage des jeunes filles que l'on désigne par le mot noce ; sous ce terme générique on comprend aussi la solennisatkm de la circoncision des garçons, parce que, dans les idées des Orientaux, les fêles de mariages sont données uniquement à la fiancée et non point à l'époux, qui déjà, comme jeune garçon, a reçu dans les fêtes de la circoncision un dédommagement pour la douleur subie dans l'opération, de même que les réjouissances du mariage sont destinées à sécher les larmes de la jeune fille. Au milieu des réjouissances de Jenilschehr, Murad, pour reconnaître les assurances d'amitié du sultan d'Egypte, envoya à son tour ii ce souverain pour ambassadeur Jasidschi - Oghli ( fils de l'écrivain), dont les fils, qui portèrent le même nom que leur père, honorèrent la littérature ottomane sous le règne de Murad II.

A peine les fêtes étaient achevées, Ali-Pas- cha s'avança avec trente mille hommes pour châtier la perfidie de Sisman. La Bulgarie, autrefois la Mysie Inférieure, est un pays fertile, protégé, au nord, par le Danube, qui, dans cette partie de son cours, est large et profond, et, au sud, par la chaîne de l'Hoemus. Du côté de ces montagnes, la Bulgarie, dans toule sa longueur, n'est accessible que par ses défilés, auxquels correspondent sur la ligne parallèle du Danube autant de places plus ou moins fortifiées , en sorte que chaque passage venant de la Rumili est, pour ainsi dire, fermé par une forteresse bulgare. Les deux places les plus extérieures de la frontière septentrionale sont, vers l'ouest, Vidin, et, à l'est, Silistra ( le Bodène et le Dorostolos des Byzantins ) (2). Près de Vidin, se trouve, à l'est, Nicopolis, qui, à une époque postérieure, a usurpé la
gloire d'une ancienne ville de ce nom située plus avant dans le pays (1 ); et près de Silistra, vers l'ouest, on rencontre Rusdschuk, à la place de l'ancienne Securisca ; et entre Nicopolis et Rusdschuk, là où était Saidava, s'élève la ville de Sistov, fameuse dans l'histoire des traités par la dernière paix conclue dans ses murs entre l'Autriche et la Porte. Les défilés de l'Hœmus correspondant à ces points de la frontière septentrionale, dans l'ordre où ils ont été cités, sont : 1° le Ssuluderbend (passage aqueux ) et le Capuludcrbend, qoi servent d'ouverture au défilé le plus occidental; 2° celui d'Isladi, célèbre plus tard par la victoire d'Hunyad, et qui mène à Vidin par Sofia et Nissa; 3° celui de Kasanlik, qui conduit à Nicopolis; 4° Demurkapu (la porte de fer \débouchant vers Sistov; le cinquième et le sixième, percés à côté l'un de l'autre, se réunissent , au versant méridional de l'Hœmus, A Karinabad; mais, du côté du nord de cette montagne, la route de Rusdschuk traverse le cinquième, celle de Silistra le sixième, et le septième, Nadirderbend, mène également vers cette ville. De ces sept défilés, le plus occidental et le plus oriental sont les plus fameux dans l'antiquité : le premier a été décrit avec exactitude par Ammien, et le second, d'une manière plus poétique, par Théophylactus. Nous reviendrons sur le premier quand la marche de l'armée turque nous y conduira ; mais nous rappelons en ce moment les paroles de Théo- phylaclus sur JNadirderbend , parce qu'Ali- Pascha traversa d'abord avec son armée Tscha- likawak , puis se dirigea vers Schumna et Parawadi par Nadirderbend. «Sabuleu-Kanalin (dont on a fait Tschali-Kawak) est dans une situation délicieuse au milieu de la montagne; la plaine qui s'étend à ses pieds est couverte d'un tapis émaillé de fleurs ; de vertes prairies se déploient au loin et reposent agréablement la vue , tandis que les ombres de la forêt couvrent comme une tente le voyageur qui gravit la hauteur. Mais, à l'heure de midi, il est brûlé par la chaleur, lorsque les rayons du soleil pénètrent dans les entrailles de la terre. Le pays abonde en sources dont les eaux ne glacent point celui qui s'y désaltère, et n'exercent aucune action malfaisante sur les membres qui s'y rafraîchissent. Des oiseaux, posés sur de tendres rameaux , réjouissent par leurs chants mélodieux le voyageur fatigué. Le lierre, le myrte et les ifs se marient avec mille autres ! fleurs dans une admirable harmonie ; l'air est chargé de parfums dont les sens sont enivrés, etc »

C'est par ce passage que le grand vesir Ali- Pascha s'avança vers Schumna, après avoir détaché Jaschschi-Beg , fils du beg!erbeg Ti- j murtasch, avec cinq mille hommes, du côté de j Parawadi (1). Cette ville, placée dans la pro- i fondeur de la dernière gorge orientale de [ l'Hœmus, fut emportée par la force; Schumna, si souvent quartier général des armées turques (2) dans les temps les plus récents, se rendit volontairement, à la nouvelle de la chute de Tiraowa (3), l'ancienne forteresse de Sis- man. Ce prince se fortifia à Nicopolis où il fut assiégé par Ali-Pascha. Alors, il implora la paix. Le grand vesir l'emmena au camp de Murad, qui voulut bien traiter avec lui moyennant le payement du tribut échu et la remise de Silistra. Ali-Pascha poussa des partis, sous les ordres de Tughan-Beg, du côté de Kossova (4), à l'angle méridional de la Bosnie, au point de jonction de sa frontière avec celles de l'Albanie, de l'Herzogewine et de la Servie. Ces coureurs revinrent entraînant une foule de captifs. Ali-Pascha exigea pour leur rançon la remise de Tschete ; puis, lorsqu'il fut en possession de la place, il se dispensa de tenir sa parole, attendu que Sisman, au lieu de livrer j Silistra, la fortifiait de plus en plus, ainsi que Nicopolis. Le vesir poursuivit donc la guerre , contre ce prince, prit le château de Drid- j schasa (5) par capitulation, emporta d'assaut celui d'Hirschova (6) sur le Danube, parut avec toutes ses forces devant Nicopolis, et réduisit le kral ;ï se remettre, avec sa capitale et sa famille , à la merci du vainqueur. Le vesir l'envoya avec ses trésors et ses enfanls à Tausli, dans le camp de Murad [1390l, qui lui laissa la vie, mais prit possession de toute la Bulgarie.

Le kral servien Lazare, voyant l'orage prèi à fondre sur ses frontières, se prépara à la ré- sistance : voulant même prévenir l'ennemi, il ordonna à son général Démélriiis d'altaqucr et d'enlever le château de Schehrkoï (1), situé au sommet d'une montagne escarpée sur la frontière de la Bulgarie, maintenant soumise aux Otlomans. A cette nouvelle, Ali-Pascha envoya en toute hâte Jachschi-Beg, le subaschi Aine-Beg et le pascha Sarudsche, avec dix mille hommes, pour reprendre la place. L'entreprise réussit. Le château fut rasé, la garnison emmenée prisonnière ; mais Jachschi-Beg, qui en fit le rapport au sultan et demanda la permission de poursuivre l'ennemi, reçut l'ordre de revenir. Lazare n'épargna aucune peine pour déterminer ses voisins, les souverains d'Albanie et de Bosnie, à une ligue de peuples contre Murad, et, plein de confiance dans leur appui, il osa envoyer une provocation au sultan (2). Celui-ci avait rappelé d'Asie ses fils Bajesid et Jakub, qui gouvernaient alors les sandschaks de Kutahije et de Karasi (3), ei fortifié son ar- méedes troupesauxiliaires deSsaru-Chan, Men- tesche, Aidin et de Haroid (4). Parmi les souverains chrétiens européens, ses vassaux, il pouvait compter sur le prince de Serradsch et sur Constantin, prince de Gustendil (5). Un plus puissant renfort était le nom d'Ewrenos-Beg, le vieux compagnon d'armes d'Urchan, qui venait d'arriver à l'armée, de retour de son pèlerinage à la Mecque. Murad mena toutes ses troupes par le défilé de Succi (Ssuluderbcnd), le plus occidental de l'Huemus, qui, selon le rnpport d'Ammien Marcellin (6), s'élève graduellement du côté du nord ou de l'Illyrie, descend brusquement sur le versant de la Thrace, et ne peut être franchi qu'avec peine à l'aide de sentiers étroits, pratiqués à travers les rochers. Des deux côtés de l'Hœmus , à parlir du point où le Rhodope s'en détache pour s'avancer au sud, s'étendent de vastes pleines ; au nord se déploie la campagne de Jardika ou Sofia, habitée par les Daces au temps d'Ammien Mar- cellin (1); au sud celle de Philippopolis, où demeuraient les Thraces. A son troisième jour de marche, Murad atleigmt Ihliman (2) (l'ancien He'ike). Ici la route se pariage : à droite, un chemin facile et commode conduit à Sofia, Nissa et Schehrkoï (3); par celui de gauche, qu'inlerrompent souvent les eaux manquant d'écoulement, on arrive péniblement aux bains chauds de Gustendil, à l'angle où l'Orbelos se joint au Rhodope. Suivant le conseil de son vassal chrétien, le prince de Serradsch, Murad choisi! ce chemin, appelé Ssuluderbend, comme le plus court et menant le plus vite a l'ennemi. Trois jours après son départ d'Ihtiman, il atteignit la pi inr d'Alaeddin, où il s'arrêta deux jours, et, le lendemain, il était devant Gustendil, où il fut reçu amicalement par le seigneur du pays, son fidèle vassal; là, les guerriers fatigués trouvèrent une nourriture si abondante que, selon l'expression de Neschri (4), on voyait couler des ruisseaux de lait et de miel. La première halte fut dans la grande vallée d'U- lu-Owa (6), d'où Ewrenos fit une reconnaissance avec quarante cavaliers, et ramena quelques prisonniers (6). D'Ulu-Owa la marche se poursuivit vers Karatova (7), où l'on s'arrêla plus long'emps. Un envoyé de Lazare, qui, sous prétexte d'apporter un défi, n'était venu en réalité que pour voir l'état de l'armée, dut rendre grâces à son caractère, s'il ne reçut, pour prix de son insolent message, qu'une réponse dédaigneuse (8). Murad tint un conseil de guerre avec les chefs de son armée, et ton* furent d'avis de s'avancer dans le pays de l'ennemi. Ewrenos-Beg et Jigit-Pascha prirent la conduite de l'avant-garde. L'armée, tirant au nord, traversa les gorges de l'Orbelos, campa à Gunvschhisz;ir (1 ), sur la rive occidentale de la Morava, et passa le fleuve dans la nuit, tambour battant, enseignes déployées, en six divisions. La première était conduite par le grand vesir, la seconde par le prince Bajesid. la troisième par Aine-Beg, la quatrième par le prince .Iakub, la cinquième par Saridsch-Pas- cha, et la sixième par Murad en personne (2). la plaine de Kossova (en hongrois Rigomazeu, en allemand le champ des merles) a cinq mille pas de largeur et vingt mille de longueur; traversée par une petite rivière, elle est enfermée de tous cotés par des montagnes de peu d'élévation, auprès desquelles sont bâtis de jolis villages (3). Là, les troupes de Murad se trouvèrent en face de l'armée , bien supérieure en nombre, des grinces alliés de Servie, de Bosnie, d'Herzogewine et d'Albanie, et le sultan délibéra avec ses généraux pour savoir si l'on attaquerait sans s'arrêter à la supériorité de l'ennemi (4). Plusieurs furent d'avis df réunir les chameaux devant le front de l'armée , afin de jeter le trouble dans les rangs des Européens par l'aspect étrange de ces animaux (6), et de s'en servir en même temps comme d'une sorte de rempart. Le prince Bajesid combattit cette proposition. « Le ciel, disait-il , avait jusqu'alors couvert les armes ottomanes d'une protection si extraordinaire qu'il n'était pas besoin d'une telle ressource ; un stratagème de cette nature portait atteinte à la confiance que l'on mettait en Dieu ; il fallait combattre face à face et à découvert.» Le grand vesir appuya ce sentiment du prince par le résultat de la consultation faite dans la nuit sur les feuillets du Koran, selon la coutume. H était tombé sur ce passage: «0 Prophète, domute les infidèles et les hypocrites  et, en effet, sou vent une faible troupe en abat une plusgrande(l). «Le beglerbeg Timur- lasch repoussa aussi la proposi'ion par des motifs puisés dans l'expérience de la guerre plutôt que dans la religion ; il représenta que les chameaux seraient effrayés par la grosse cavalerie plutôt qu'ils ne jetteraient la terreur dans les troupes opposées, et qu'en reculant, ils rompraient les rangs des Ottomans, au lieu de jeter le désordre dans ceux de l'ennemi (2). Le conseil se sépara à la nuit sans qu'une résolution eût été prise. Murad, découragé de voir que le vent, soufflant du côté de l'ennemi, chassait la poussière au visage des Ottomans, pria toute la nuit pour obtenir l'assistance d'en haut (3) et la faveur de mourir en martyr dans la défense de la vraie foi et de l'islam, qui seul peut donner la félicité. A la naissance du jour, les nuages de poussière tombèrent sous une pluie bienfaisante.

Du côté des alliés, dans le conseil de guerre, la proposition d'attaquer durant la nuit fut rejetée par Georges Castriota, qui prétendit que la nuit favoriserait la fuite de l'ennemi, le déroberait à sa destruction complète. Lorsque le ciel fut éclairci, les deux armées se trouvèrent en présence, prêtes au combat. Celle des infidèles, composée de Serviens, Bulgares, Bosniens, Albanais, Valaques, Polonais et même de Hongrois, d'après le témoignage de l'historien ottoman, était disposée dans cet ordre : Lazare, roi de Servie , commandait le centre, son neveu Wuk - Brankovich l'aile droite, et le roi de Bosnie, Thwarko, l'aile gauche. Les Ottomans étaient ainsi rangés : Murad choisit sa place accoutumée au milieu de l'ordre de bataille, le prince Bajesid prit le commandement de la droite, le prince Jakub la coqduite de la gauche. Au premier lurent adjoints Ewrenos-Beg et Kurd, aga des Asabes; au second, le subaschi Aine-Beg et le chef des pionniers Saridsche-Pascha. Haider, maître de l'artillerie, se tint au front avec ses pifces distribuées entre les janitschares ; sur les derniers  troupes.

I.a bataille s'engagea, et déjà l'aile gauche des Oltomans commençait à plier, lorsque Bajesid accourut à son secours, brisant devant lui les tètes des ennemis avec une massue de fer. l.esang coulait à grands flots. Tout à coup, au milieu des morts el des mourants, s'avance un noble servien, Milosch Kobilovitsch, qui, s'ouvrant violemment un passage à travers les rangs des tschauschs et des gardes du corps, s'écrie qu'il veut confier un secret à Murad. Sur un signe du sultan, on le laisse approcher; le Servien s'élance, et, au moment où il se courbait comme pour baiser les pieds de Murad, il lui plonge son poignard dans le ventre. Les gardes du corps se précipitent sur l'assassin ; mais Milosch, plein de vigueur et d'agilité, en abat plusieurs; trois fois, par d'incroyables efforts, il échappe i la foule des assaillants, et cherche à gagner le bord du fleuve où il avait laissé son cheval, mais enfin, accablé par le nombre, il est renversé et mis en pièces (2). Cependant, malgré sa blessure mortelle, Murad eut encore assez de force d'Ame pour donner les ordres qui devaient achever la victoire. Lazare fut pris et amené dans la tente de Murad , qui se trouva en état de prononcer sa condamnation, et qui, avant d'expirer, vengea d'avance sa propre mort si prochaine par celle de son ennemi 1389.

                  Action de Millosh Kobillovic

Tel est le récit présenté par les historiens ottomans sur l'action de Milosch-Kobilovitsch ; les Grecs et les Serviens ne rapportent pas de même le meurtre du sultan. Si les Turcs ont l'habitude de rabaisser les actions glorieuses des chrétiens, ceux-ci sont trop disposés à grandir leurs héros, à les revêtir des plus brillantes couleurs. Il faut donc opposer les uns aux autres les témoignages contradictoires, et, dans le doute, s'abstenir de prononcer. Voici comme l'action de Kobilovitsch est racontée, non-seulement par les traditions serviennes, mais encore par l'un des Byzantins les plus dignes de foi, Jean Ducas, petit-fils de l'empereur de ce nom : « La veille de la bataille, le roi Lazare était et des trompette», et l'on entendait pousser le cri de guerre: Allah est grand! lorsque Ba- jesid, ne pouvant plus contenir «on ardeur, et n'osant pas néanmoins commencer l'attaque de son propre mouvement, se précipi'a de son cheval, baisa la terre devant «on père, et sol- licila la permission de charger (1); le sultan l'accorda, et aussitôt les épées se plongèrent dans le sang, ïimurtasch fondit sur le prince de Kararaanie, le contraignit à la fuite, et décida la victoire. Eu récompense, il reçut la plus grande part du butin, et le litre de vesir ou pascha à trois queues, qu'il fut le premier à porter parmi les beglerbegs de l'empire ottoman (2); et qui, avant lui, avait été exclusivement réservé au premier dignitaire de l'État: en sorte que celui-ci, pour être distingué des autres vesirs, fut désonnais appelé le grand vesir. A la bataille s-.iccéda immédiatement le siège do Konia; défense rigoureuse fut faite à l'armée de rien pilîer, de rien prendra de force aux habitants du pays. La peine de mort appliquée a quelques soldats serviens qui osèrent enfreindre cet ordre détourna ces auxiliaires des Ottomans, mais gagna aux troupes la confiance des populations, et leur assura d'amples approvisionnements. Durant douze jours, Murad resta campé devant Konia sans rien entreprendre. Le prince de Ka- ramanie, pénétré des dangers de sa situation, envoya dans le camp des Ottomans son épouse, la fille de Murad, pour intercéder en sa faveur. A force de prières . elle décida son père à donner la paix à son époux, si celui-ci venait l'implorer en personne, et baiser la main du sultan en signe de soumission et de reconnaissance (3). Alaeddin dot se résigner à cet:e humiliation, rendit hommage à son vainqueur, et resta en possession de Konia et de ses autres domaines. Alors Murad marcha contre la ville de Begschehri, qui avait fait défection, et la réduisit en quelques jours (4). Comme en cette occasion on lui conseillait de réunir en même temps à l'empire les États du prince de Tekke, il rejeta cette proposition en disant : « Le prince de Tekke est un pauvre diable dont la puissance s'étend seu'ement sur les deux villes d'istenos et d'Antalia; il serait honteux de lui faire la guerre : le lion ne chasse pas les mouches. » Le seigneur de Tekke comprit l'avertissement , et livra tous ses châteaux entre les mains de Murad , pour conserver au moins la possession des deux places nommées par le sullan. L'armée ottomane fut congédiée à Kutahiie, et Murad rentra triomphant dans Brusa(l).

Lorsque les auxiliaires serviens, de retour dans leur pays, racontèrent le supplice de leurs frères devant Konia, le ressent Iment fut général, et la servie se révolta, comptant sur l'as- istance des Bosniens et même des Bulgares, dont le kral Sisman, quoique beau-père de Murad, s'unit en secret contre lui avec Lazare, kral de Servie (2). Les forces des deux peuples firent subir à vingt mille Turcs, alors occupés à piller la Bosnie, une défaite si complète que cinq mille à peine échappèrent au carnage [1387]. Murad pouvait bien alors disposer des troupes auxiliaires des pànces asiatiques de Tekke, Aidin, Mentesche, Ssaruchàn, et Ka- raman, inclinés devant sa puissance (3); mais, en Kurope, les krals de Bosnie, de Servie et de Bulgarie étaient ligués contre lui ; le prince de la Tatarie-Dobruze s'était laissé entraîner à la défection; il n'y avait que ses vassaux, les princes de Gustendil et de Ser- radsch qui lui demeurassent fidèles. 11 se prépara donc à une campagne d'Europe; et pour assurer pendant ce temps le repos de l'Asie, il en partagea l'administration dans les cinq sandschaks suivants : le pays de Kermian, qui jusqu'alors avait été gouverné par Bajesid, fut confié au vesir-beglerbeg Timurtasch, attendu que le prince, ainsi que son frère Jakub, suivaient leur père en Europe : un autre Timur- tasch-subaschi ( lieutenant de police ) fut placé à la tète de l'administration de Slwrihiszar et du pays situé sur le Sangarius ; Firus-Beg reçut le sandschak d'Angora ; le subaschi Kods- cha-Beg, celui d'Akschehr, et le subaschi Kut-lu-Beg, celui d'Igirdir, dans le district de Hamid (1), en même temps furent nommés les chefs de l'armée.

Avant d'entrer en campagne, Murad se rendit à Jenitschehr pour y célébrer son mariage et celui de ses deux fils, Bajesid et Jakub, avec trois princesses byzantines, et pour fêter en même temps la circoncision de ses trois petits- fils. Chez les Arabes, Persans et Turcs, ce n'est pas seulement la célébration du mariage des jeunes filles que l'on désigne par le mot noce ; sous ce terme générique on comprend aussi la solennisatkm de la circoncision des garçons, parce que, dans les idées des Orientaux, les fêles de mariages sont données uniquement à la fiancée et non point à l'époux, qui déjà, comme jeune garçon, a reçu dans les fêtes de la circoncision un dédommagement pour la douleur subie dans l'opération, de même que les réjouissances du mariage sont destinées à sécher les larmes de la jeune fille. Au milieu des réjouissances de Jenilschehr, Murad, pour reconnaître les assurances d'amitié du sultan d'Egypte, envoya à son tour ii ce souverain pour ambassadeur Jasidschi - Oghli ( fils de l'écrivain), dont les fils, qui portèrent le même nom que leur père, honorèrent la littérature ottomane sous le règne de Murad II.

A peine les fêtes étaient achevées, Ali-Pas- cha s'avança avec trente mille hommes pour châtier la perfidie de Sisman. La Bulgarie, autrefois la Mysie Inférieure, est un pays fertile, protégé, au nord, par le Danube, qui, dans cette partie de son cours, est large et profond, et, au sud, par la chaîne de l'Hoemus. Du côté de ces montagnes, la Bulgarie, dans toule sa longueur, n'est accessible que par ses défilés, auxquels correspondent sur la ligne parallèle du Danube autant de places plus ou moins fortifiées , en sorte que chaque passage venant de la Rumili est, pour ainsi dire, fermé par une forteresse bulgare. Les deux places les plus extérieures de la frontière septentrionale sont, vers l'ouest, Vidin, et, à l'est, Silistra ( le Bodène et le Dorostolos des Byzantins ) (2). Près de Vidin, se trouve, à l'est, Nicopolis, qui, à une époque postérieure, a usurpé la
gloire d'une ancienne ville de ce nom située plus avant dans le pays (1 ); et près de Silistra, vers l'ouest, on rencontre Rusdschuk, à la place de l'ancienne Securisca ; et entre Nicopolis et Rusdschuk, là où était Saidava, s'élève la ville de Sistov, fameuse dans l'histoire des traités par la dernière paix conclue dans ses murs entre l'Autriche et la Porte. Les défilés de l'Hœmus correspondant à ces points de la frontière septentrionale, dans l'ordre où ils ont été cités, sont : 1° le Ssuluderbend (passage aqueux ) et le Capuludcrbend, qoi servent d'ouverture au défilé le plus occidental; 2° celui d'Isladi, célèbre plus tard par la victoire d'Hunyad, et qui mène à Vidin par Sofia et Nissa; 3° celui de Kasanlik, qui conduit à Nicopolis; 4° Demurkapu (la porte de fer  débouchant vers Sistov; le cinquième et le sixième, percés à côté l'un de l'autre, se réunissent , au versant méridional de l'Hœmus, A Karinabad; mais, du côté du nord de cette montagne, la route de Rusdschuk traverse le cinquième, celle de Silistra le sixième, et le septième, Nadirderbend, mène également vers cette ville. De ces sept défilés, le plus occidental et le plus oriental sont les plus fameux dans l'antiquité : le premier a été décrit avec exactitude par Ammien, et le second, d'une manière plus poétique, par Théophylactus. Nous reviendrons sur le premier quand la marche de l'armée turque nous y conduira ; mais nous rappelons en ce moment les paroles de Théo- phylaclus sur JNadirderbend , parce qu'Ali- Pascha traversa d'abord avec son armée Tscha- likawak , puis se dirigea vers Schumna et Parawadi par Nadirderbend. «Sabuleu-Kanalin (dont on a fait Tschali-Kawak) est dans une situation délicieuse au milieu de la montagne; la plaine qui s'étend à ses pieds est couverte d'un tapis émaillé de fleurs ; de vertes prairies se déploient au loin et reposent agréablement la vue , tandis que les ombres de la forêt couvrent comme une tente le voyageur qui gravit la hauteur. Mais, à l'heure de midi, il est brûlé par la chaleur, lorsque les rayons du soleil pénètrent dans les entrailles de la terre. Le pays abonde en sources dont les eaux ne glacent point celui qui s'y désaltère, et n'exercent aucue action malfaisante sur les membres qui s'y rafraîchissent. Des oiseaux, posés sur de tendres rameaux , réjouissent par leurs chants mélodieux le voyageur fatigué. Le lierre, le myrte et les ifs se marient avec mille autres ! fleurs dans une admirable harmonie ; l'air est chargé de parfums dont les sens sont enivrés, etc »

C'est par ce passage que le grand vesir Ali- Pascha s'avança vers Schumna, après avoir détaché Jaschschi-Beg , fils du beg!erbeg Ti- j murtasch, avec cinq mille hommes, du côté de j Parawadi (1). Cette ville, placée dans la pro- i fondeur de la dernière gorge orientale de [ l'Hœmus, fut emportée par la force; Schumna, si souvent quartier général des armées turques (2) dans les temps les plus récents, se rendit volontairement, à la nouvelle de la chute de Tiraowa (3), l'ancienne forteresse de Sis- man. Ce prince se fortifia à Nicopolis où il fut assiégé par Ali-Pascha. Alors, il implora la paix. Le grand vesir l'emmena au camp de Murad, qui voulut bien traiter avec lui moyennant le payement du tribut échu et la remise de Silistra. Ali-Pascha poussa des partis, sous les ordres de Tughan-Beg, du côté de Kos- sova (4), à l'angle méridional de la Bosnie, au point de jonction de sa frontière avec celles de l'Albanie, de l'Herzogewine et de la Servie. Ces coureurs revinrent entraînant une foule de captifs. Ali-Pascha exigea pour leur rançon la remise de Tschete ; puis, lorsqu'il fut en possession de la place, il se dispensa de tenir sa parole, attendu que Sisman, au lieu de livrer j Silistra, la fortifiait de plus en plus, ainsi que Nicopolis. Le vesir poursuivit donc la guerre , contre ce prince, prit le château de Drid- j schasa (5) par capitulation, emporta d'assaut celui d'Hirschova (6) sur le Danube, parut avec toutes ses forces devant Nicopolis, et réduisit le kral ;ï se remettre, avec sa capitale et sa famille , à la merci du vainqueur. Le vesir l'envoya avec ses trésors et ses enfanls à Tausli, dans le camp de Murad [1390l, qui lui laissa la vie, mais prit possession de toute la Bulgarie.

Le kral servien Lazare, voyant l'orage prèi à fondre sur ses frontières, se prépara à la ré- sistance : voulant même prévenir l'ennemi, il ordonna à son général Démélriiis d'altaqucr et d'enlever le château de Schehrkoï (1), situé au sommet d'une montagne escarpée sur la frontière de la Bulgarie, maintenant soumise aux Otlomans. A cette nouvelle, Ali-Pascha envoya en toute hâte Jachschi-Beg, le subaschi Aine-Beg et le pascha Sarudsche, avec dix mille hommes, pour reprendre la place. L'entreprise réussit. Le château fut rasé, la garnison emmenée prisonnière ; mais Jachschi-Beg, qui en fit le rapport au sultan et demanda la permission de poursuivre l'ennemi, reçut l'ordre de revenir. Lazare n'épargna aucune peine pour déterminer ses voisins, les souverains d'Albanie et de Bosnie, à une ligue de peuples contre Murad, et, plein de confiance dans leur appui, il osa envoyer une provocation au sultan (2). Celui-ci avait rappelé d'Asie ses fils Bajesid et Jakub, qui gouvernaient alors les sandschaks de Kutahije et de Karasi (3), ei fortifié son ar- méedes troupesauxiliaires deSsaru-Chan, Men- tesche, Aidin et de Haroid (4). Parmi les souverains chrétiens européens, ses vassaux, il pouvait compter sur le prince de Serradsch et sur Constantin, prince de Gustendil (5). Un plus puissant renfort était le nom d'Ewrenos-Beg, le vieux compagnon d'armes d'Urchan, qui venait d'arriver à l'armée, de retour de son pèlerinage à la Mecque. Murad mena toutes ses troupes par le défilé de Succi (Ssuluderbcnd), le plus occidental de l'Huemus, qui, selon le rnpport d'Ammien Marcellin (6), s'élève graduellement du côté du nord ou de l'Illyrie, descend brusquement sur le versant de la Thrace, et ne peut être franchi qu'avec peine à l'aide de sentiers étroits, pratiqués à travers les rochers. Des deux côtés de l'Hœmus , à parlir du point où le Rhodope s'en détache pour s'avancer au sud, s'étendent de vastes pleines ; au nord se déploie la campagne de Jardika ou Sofia, habitée par les Daces au temps d'Ammien Mar- cellin (1); au sud celle de Philippopolis, où demeuraient les Thraces. A son troisième jour de marche, Murad atleigmt Ihliman (2) (l'ancien He'ike). Ici la route se pariage : à droite, un chemin facile et commode conduit à Sofia, Nissa et Schehrkoï (3); par celui de gauche, qu'inlerrompent souvent les eaux manquant d'écoulement, on arrive péniblement aux bains chauds de Gustendil, à l'angle où l'Orbelos se joint au Rhodope. Suivant le conseil de son vassal chrétien, le prince de Serradsch, Murad choisi! ce chemin, appelé Ssuluderbend, comme le plus court et menant le plus vite a l'ennemi. Trois jours après son départ d'Ihtiman, il atteignit la pi inr d'Alaeddin, où il s'arrêta deux jours, et, le lendemain, il était devant Gustendil, où il fut reçu amicalement par le seigneur du pays, son fidèle vassal; là, les guerriers fatigués trouvèrent une nourriture si abondante que, selon l'expression de Neschri (4), on voyait couler des ruisseaux de lait et de miel. La première halte fut dans la grande vallée d'U- lu-Owa (6), d'où Ewrenos fit une reconnaissance avec quarante cavaliers, et ramena quelques prisonniers (6). D'Ulu-Owa la marche se poursuivit vers Karatova (7), où l'on s'arrêla plus long'emps. Un envoyé de Lazare, qui, sous prétexte d'apporter un défi, n'était venu en réalité que pour voir l'état de l'armée, dut rendre grâces à son caractère, s'il ne reçut, pour prix de son insolent message, qu'une réponse dédaigneuse (8). Murad tint un conseil de guerre avec les chefs de son armée, et ton* furent d'avis de s'avancer dans le pays de l'ennemi. Ewrenos-Beg et Jigit-Pascha prirent la conduite de l'avant-garde. L'armée, tirant au nord, traversa les gorges de l'Orbelos, campa à Gunvschhisz;ir (1 ), sur la rive occidentale de la Morava, et passa le fleuve dans la nuit, tambour battant, enseignes déployées, en six divisions. La première était conduite par le grand vesir, la seconde par le prince Bajesid. la troisième par Aine-Beg, la quatrième par le prince .Iakub, la cinquième par Saridsch-Pas- cha, et la sixième par Murad en personne (2). la plaine de Kossova (en hongrois Rigomazeu, en allemand le champ des merles) a cinq mille pas de largeur et vingt mille de longueur; traversée par une petite rivière, elle est enfermée de tous cotés par des montagnes de peu d'élévation, auprès desquelles sont bâtis de jolis villages (3). Là, les troupes de Murad se trouvèrent en face de l'armée , bien supérieure en nombre, des grinces alliés de Servie, de Bosnie, d'Herzogewine et d'Albanie, et le sultan délibéra avec ses généraux pour savoir si l'on attaquerait sans s'arrêter à la supériorité de l'ennemi (4). Plusieurs furent d'avis df réunir les chameaux devant le front de l'armée , afin de jeter le trouble dans les rangs des Européens par l'aspect étrange de ces animaux (6), et de s'en servir en même temps comme d'une sorte de rempart. Le prince Bajesid combattit cette proposition. « Le ciel, disait-il , avait jusqu'alors couvert les armes ottomanes d'une protection si extraordinaire qu'il n'était pas besoin d'une telle ressource ; un stratagème de cette nature portait atteinte à la confiance que l'on mettait en Dieu ; il fallait combattre face à face et à découvert.» Le grand vesir appuya ce sentiment du prince par le résultat de la consultation faite dans la nuit sur les feuillets du Koran, selon la coutume. H était tombé sur ce passage: «0 Prophète, domute les infidèles et les hypocrites ! et, en effet, sou vent une faible troupe en abat une plusgrande(l). «Le beglerbeg Timur- lasch repoussa aussi la proposi'ion par des motifs puisés dans l'expérience de la guerre plutôt que dans la religion ; il représenta que les chameaux seraient effrayés par la grosse cavalerie plutôt qu'ils ne jetteraient la terreur dans les troupes opposées, et qu'en reculant, ils rompraient les rangs des Ottomans, au lieu de jeter le désordre dans ceux de l'ennemi (2). Le conseil se sépara à la nuit sans qu'une résolution eût été prise. Murad, découragé de voir que le vent, soufflant du côté de l'ennemi, chassait la poussière au visage des Ottomans, pria toute la nuit pour obtenir l'assistance d'en haut (3) et la faveur de mourir en martyr dans la défense de la vraie foi et de l'islam, qui seul peut donner la félicité. A la naissance du jour, les nuages de poussière tombèrent sous une pluie bienfaisante.

Du côté des alliés, dans le conseil de guerre, la proposition d'attaquer durant la nuit fut rejetée par Georges Castriota, qui prétendit que la nuit favoriserait la fuite de l'ennemi, le déroberait à sa destruction complète. Lorsque le ciel fut éclairci, les deux armées se trouvèrent en présence, prêtes au combat. Celle des infidèles, composée de Serviens, Bulgares, Bosniens, Albanais, Valaques, Polonais et même de Hongrois, d'après le témoignage de l'historien ottoman, était disposée dans cet ordre : Lazare, roi de Servie , commandait le centre, son neveu Wuk - Brankovich l'aile droite, et le roi de Bosnie, Thwarko, l'aile gauche. Les Ottomans étaient ainsi rangés : Murad choisit sa place accoutumée au milieu de l'ordre de bataille, le prince Bajesid prit le commandement de la droite, le prince Jakub la coqduite de la gauche. Au premier lurent adjoints Ewrenos-Beg et Kurd, aga des Asabes; au second, le subaschi Aine-Beg et le chef des pionniers Saridsche-Pascha. Haider, maître de l'artillerie, se tint au front avec ses pifces distribuées entre les janitschares.

I.a bataille s'engagea, et déjà l'aile gauche des Oltomans commençait à plier, lorsque Bajesid accourut à son secours, brisant devant lui les tètes des ennemis avec une massue de fer. l.esang coulait à grands flots. Tout à coup, au milieu des morts el des mourants, s'avance un noble servien, Milosch-Kobilovitsch, qui, s'ouvrant violemment un passage à travers les rangs des tschauschs et des gardes du corps, s'écrie qu'il veut confier un secret à Murad. Sur un signe du sultan, on le laisse approcher; le Servien s'élance, et, au moment où il se courbait comme pour baiser les pieds de Murad, il lui plonge son poignard dans le ventre. Les gardes du corps se précipitent sur l'assassin ; mais Milosch, plein de vigueur et d'agilité, en abat plusieurs; trois fois, par d'incroyables efforts, il échappe i la foule des assaillants, et cherche à gagner le bord du fleuve où il avait laissé son cheval, mais enfin, accablé par le nombre, il est renversé et mis en pièces (2). Cependant, malgré sa blessure mortelle, Murad eut encore assez de force d'Ame pour donner les ordres qui devaient achever la victoire. Lazare fut pris et amené dans la tente de Murad , qui se trouva en état de prononcer sa condamnation, et qui, avant d'expirer, vengea d'avance sa propre mort si prochaine par celle de son ennemi [1389].

Tel est le récit présenté par les historiens ottomans sur l'action de Milosch-Kobilovitsch ; les Grecs et les Serviens ne rapportent pas de même le meurtre du sultan. Si les Turcs ont l'habitude de rabaisser les actions glorieuses des chrétiens, ceux-ci sont trop disposés à grandir leurs héros, à les revêtir des plus brillantes couleurs. Il faut donc opposer les uns aux autres les témoignages contradictoires, et, dans le doute, s'abstenir de prononcer. Voici comme l'action de Kobilovitsch est racontée, non-seulement par les traditions serviennes, mais encore par l'un des Byzantins les plus dignes de foi, Jean Ducas, petit-fils de l'empereur de ce nom : « La veille de la bataille, le roi Lazare était à boire avec ses nobles dans des coupes appelées stravizas : « Vide cette coupe à ma sanlé, dit Lazare à Milosch, quoique tu sois accusé de nous trahir. Merci, sans les stravizas, répondit Milosch, la journée de demain prouvera ma fidélité.» Le lendemain matin, Milosch .«e rendit sur un puissant coursier dans le camp ennemi, et demanda comme transfuge à être admis à baiser les pieds du sultan, ce qui lui fut accordé. Alors, il se baissa, et, saisissant le pied de Murad, il le jeta il bas de son siège, en l'attirant en avant, et lui plongea son poignard dans le cœur. Puis il s'enfuit avec une telle rapidité qu'il parvint à atteindre son cheval; mais, avant qu'il pût s'élancer en selle, il tomba percé de mille coups par les janitschares. Aussitôt, les Turcs engagèrent la bataille en fureur pour venger l'assassinat de leur souverain. Lazare ordonna au chef des Bosniens, Wladko-Bu- kovich, de tenir tête aux Turcs avec vingt mille hommes. La première charge fut repoussée avec succès; mais, au moment où Wladko allait attaquer à son tour, le bruit se répandit dans l'armée que Tragos-Prowisch, général du despote , avait tourné ses armes contre les chrétiens; ce bruit, qui était faux, fut-il un effet du hasard ou bien un artifice des Turcs ? On ne sut; mais, quoi qu'il en soit, Wladko, effrayé, s'enfuit avec les Bosniens, et Lazare, abandonné des siens, tomba, sans résistance, avec ses nobles entre les mains de l'ennemi. Conduit dans la tente du sultan mourant, il apprit alors seulement comment Milosch-Kobilovitsch, au moment décisif, avait prouvé la foi par lui jurée. «-Grand Dieu, s'écria Lazare, en levant les mains vers le ciel, appelle maintenant mon âme à toi, puisque tu m'as accordé la grâce de contempler, avant ma mort, mon ennemi expirant, frappé de la main d'un guerrier fidèle. » A l'instant le souverain de Servie et ses nobles furent exécutés devant le sultan agonisant, qui put encore entrevoir leurs cadavres. Au reste, d'après l'une ou l'autre version, quelle que soit la véritable, Murad ne fut point frappé dans une attaque à découvert, dans un combat d'homme à homme ; le meurtre sur le champ de bataille a quelque chose de moins odieux que le coup porté dans la tente; Milosch, sortant d'un monceau de cadavres, aura bien pu exécuter le projet conçu et médité à l'avance ;

ainsi, la vraisemblance se trouve du côté des hisloriens otlomans. Quoi qu'il en soit, le nom de Milosch-Kobilovitsch est inscrit dans les annales des Ottomans comme celui d'un meurtrier: et il est répété par les Serviens comme celui du vengeur de la liberté de la patrie. Et toutefois, d'après le témoignage irrécusable des écrivains de la Servie, l'action de Kobilovitsch fut déterminée par l'ambition et par le désir de se laver du soupçon de trahison. Voici ce qui donna naissance à ce soupçon : Wukaschava et Mara, les deux filles de Lazare, étaient mariées, la première à Milosch, l'autre au rival de ce seigneur, Wuk-Brankovich. Les deux soeurs disputant un jour sur la valeur de leurs époux, Wukaschava appuya ses raisons par un soufflet. Mara se plaignit, en pleurant, à Brankovich. qui appela son beau-frère en duel. Le combat eut lieu avec la permission du roi. Milosch renversa son adversaire à bas de son cheval, et le vaincu, par un vil ressentiment contre son vainqueur, l'accusa d'intelligence avec les Turcs. On a vu comment, la veille de la bataille, le roi, en présence de tous les grands, présenta la coupe d'argent à Milosch (1), et comment celui-ci accomplit la parole qu'il avait donnée. Ainsi, son action héroïque fut provoquée p;ir une querelle de femmes. Au reste, le nom de Milosch-Kobilovitsch est perpétué chez les Serviens et les Otlomans de plus d'une manière (2). Dans l'arsenal du serai, on conserve son armure et l'équipement de son cheval (3); et l'usage, observé encore aujourd'hui, à l'entrée du serai, pour les audiences du sultan, de faire introduire sans armes le personnage présenté par des chambellans qui lui tiennent les bras, ce cérémonial, plein de mesures préventives, se rapporte au meurtre de Murad (4). Sur le champ de bataille de Kossova, on montre trois grandes pierres, placées à la distance de cinquante aunes l'une de l'autre, qui marquent les trois bonds par lesquels Kobilovitsch échappa aux gardes du corps lancés sur lui (5); une chapelle turque marque l'endroit où Murad succomba ; mais ses restes ne reposent point en ce lieu (1): ils furent transportés à Brusa et déposés contre la mosquée élevée pur ses soins.

La vie de Murad justifia pleinement les deux surnoms de Chudawendkiar (seigneur) (2) et de Ghasi (vainqueur), sous lesquels il est célébré dans l'histoire des Ottomans. Il fut un champion infatigable dans la guerre sainte, et presque toujours un maître équitable. Cet hommage lui est rendu par Chalcondylas lui-même, malgré l'exécution de Saudschi et la scène si trafique de Oemitoka, alors que le sultan faisait
précipiter dans les flots de la Marizza les jeunes nobles grecs, ses prisonniers (1).

La même année où Murad tomba sous le poignard de Milosch-Kobilovitsch, vit aussi mourir Behadeddin, le grand scheich des Nakschbeu- dis, elle premier des poètes lyriques persans, Hafis, dont le style est le modèle du mysticisme (2). Ce synchronisme est ici indiqué, parce qu'il marque le plus haut degré de mysticisme et de la poésie des Persans, qui dès lors commencent à exercer une grande influence sur la littérature des Ottomans.

(1) Amorales aulein per oumiaimitansaequUatemCyri Cambysis filii ; Chai coud, 1.

(2) iladschi-Chalfa, Tables* chronologique*.

(1) Idris, Neschri.

(2) Karasi, Kermian, Hamid, Mentesche, Tekke, Ai- din et Ssaru-Chan.

(3) La conquête de Mentesche et d'Aidin est rapportée par Seadeddin , Idris, Npschri ,1. c., Aali , Ssolaksade. fol. 20; Chalcondylas et Ducas, p. 7. Ce dernier nomme le prince d'Aidin Isa, celui de Ssaru-Chau Chirs, et celui de Karasi Elias.

(4) Notices et extraits delà Bibliothèque du roi, l.iv. p. 671.

(5) Neschri,fol. 96; Seadeddin, dansBralutti.p. 192.

(6) Ibid.

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Par fois l'Encyclopédie ne sufit pas, ex. sur les origines du peuple serbe il manque la question clef; d'ou viens t-il les serbes d'Europe ?
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